Jordan grogna faiblement, émergeant d'un nouveau songe des plus désagréables. Des cauchemars avec comme protagoniste son défunt frère. Cela devenait de plus en plus récurent depuis le triste incident qui le lui avait arraché et que par la même occasion, elle avait perdu son affinité avec Maylon. Et pourtant. Elle l'aimait toujours, ce qui était plus déchirant que jamais. Pourquoi tout avait du devenir si compliqué ?! Pensant à tout ça, la lycéenne fixa un moment son plafond avant de se lever. C'était le week-end et pourtant, il n'était pas bien tard. En même temps, pour parvenir à faire des grasses matinés, il lui faudrait ne plus faire de cauchemars et ça, ce n'était pas pour maintenant. Passant dans la cuisine, elle constata que son petit-déjeuner était prêt. Son préféré. Du moins il l'était. Aujourd'hui, elle ne savait plus vraiment ce qu'elle aimait...

Soupirant, elle mangea tout de même et passa à la douche. Niveau vestimentaire, elle ne fit pas spécialement d'effort - à quoi bon? - et se contenta de démêler sa crinière sombre en la faisant lourdement tomber sur ses épaules. Prête, elle prit ce dont elle avait besoin et s'installa sur la table basse du salon pour bosser ses cours. Elle en fit le minimum, comme toujours depuis peu avant de commencer à ranger un peu. Cela lui permettrait d'occuper son temps, seulement elle trouva quelques pages de journal. Celles des locations immobilières. Etrange. Maylon voulait-il déménager? En un sens, elle comprenait, ce serait sans doute mieux que de vivre avec cette chambre vide et hanté par des souvenirs heureux devenus tout sauf ça.

Prenant les pages, elle les pliant afin de les fourrer dans la poche de son jean. Tout de même, il aurait pu lui en parler, non? Souhaitant avoir une discussion et non pas une prise de bec pour une fois, elle enfilla sa veste et sortit de l'appartement. Pour une des rares fois, Joe rejoignit le commisariat de plein grés, sans avoir fait la moindre bêtise. Arrivant à l'acceuil, elle demanda si Maylon était là et on la dirigea vers son aîné. Là, son coeur se serra. Elle savait qu'il se tuait au travail, mais... Tentant de passer outre, elle sortit les pages de sa poche pour les poser sous les yeux de son aîné. ❝ on déménage? ❞ demanda-t-elle d'une voix aussi posé que possible. Elle ne voulait pas se prendre la tête aujourd'hui, pas ici, pas alors qu'elle se détestait encore plus d'être un tel fardeau pour Maylon. Si seulement il n'avait pas fait cette stupide promesse à son frère

Maylon s’était encore réveillé en sursaut. Il commençait à se dire que dormir serait de plus en plus compliqué. Plus les jours passés, plus il s’en voulait, et plus il se disait que c’était normal que Jordan lui en veuille aussi. Le brun passa une main dans ses cheveux avant de finalement rejoindre la salle de bain pour une bonne douche fraîche. A quoi bon tenter de se rendormir ? Il n’y arriverait pas. Une fois propre, il se glissa dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Celui que Joe adorait. Clairement, son bonheur, son bien-être, etc, passaient complétement après ceux de la brune. Il se nourrissait un minimum.
Après avoir déjeuner, le policier avait rejoint le commissariat du quartier. Il n’était pas rare de le voir arriver si tôt. Il s’installa tout de suite à son bureau avec une énorme tasse de café pour lui tenir compagnie. Il s’était plongé dans ses dossiers pour essayer d’avancer, mais… Il fallait avouer qu’il ramait un peu plus depuis la mort de son ami. Un de ses collègues avait bien tenté de lui changer les idées quelques minutes, mais… Il n’avait pas réussi. Non… Le brun avait clairement trop de choses en tête !

En plus du travail, il cherchait un appartement, ou plutôt deux appartements, pas très loin l’un de l’autre, pour que Jordan puisse avoir son indépendance. Pour lui… La demoiselle ne voulait plus avoir de rapport avec lui. Il soupira doucement en y repensant. Les annonces papiers ne l’intéressaient pas du tout, il devait donc envisager de se farcir tout un tas de site internet.
Mais avant même de pouvoir y penser, des papiers se glissèrent devant lui. Les coupures de journaux qu’il avait regardées… Ses yeux remontèrent jusqu’à Joe. Génial. Il n’avait pas prévu d’en parler tout de suite. Pas avant d’être certain de pouvoir assumer deux loyers. Deux vies séparées.

« Eh bien… On n’aime pas l’appartement. Et je pensais que tu voulais peut-être vivre toute seule. Je sais que tu m’en veux et je veux pas t’imposer ma présence. »

Alors qu’il avait tort… Il devait être un soutient plutôt que de l’abandonner. Car certes, il ne la ramenait pas au Manoir, mais il lui donner une indépendance qu’elle ne voulait peut-être pas. Le brun glissa de nouveau son regard sur son dossier en cours. Ça allait finir en prise de tête, il en était certain.

Jordan s’était réveilée en sursaut, après un énième cauchemar. Grognant faiblement, elle regarda l’heure sur son portable et grogna de plus belle. Il était si tôt ! En même temps, cela faisait longtemps qu’elle ne profitait plus d’une grace matiné le samedie matin. Elle quitta son lit et passa dans la cuisine où reposait son petit-déjeuner. Tout ce dont elle aurait pu rêvé autrefois. Mais, etait-ce toujours ce qu’elle aimait aujourd’hui ? La demoiselle ne savait plus vraiment. Soupirant, elle mangea avant de passer à la douche. Elle ne s’y attarda pas vraiment et alla se laver.

Après avoir fait ses devoirs, Joe commença à faire un brin de rangement dans l’appartement. Ce n’était pas son activité favorité, mais cela lui permettait d’occuper le temps. Et de découvrir ce que Maylon lui cachait. Des annonces d’appartements. Voulait-il déménager ? Cela ne l’étonnait pas vraiment, mais elle avait tout de même le droit de savoir ! Et surtout le droit de participer au recherche. Après tout, ils vivaient encore ensemble et son aîné ne semblait pas vouloir la raccompagner au manoir.

Décidée à avoir une conversation, la sorcière plaça les annonces dans la poche de son jean et quitta l’appartement pour rejoindre le commisariat. Elle était connu et la personne à l’accueil l’avait rapidement reconnu. Malgré tout, elle demanda après Maylon. On ne sait jamais, il était peut-être en intervention… Et bien non. Et elle aurait sans doute préféré. Il se noyait sous la paperasse et cette vision avait serrer le coeur de la lycéenne. Elle savait bien qu’il se tuait à la tâche, mais avec l’argent qu’elle lui donnait, il aurait dû pouvoir ralentir depuis longtemps…

Mettant tout ça dans un coin de son esprit, Joe prit les annonces et elle plaça sous les yeux de son aîné en lui demandant s’il comptait déménager. Son ton était calme. Elle ne voulait pas se battre, pas aujourd’hui. Non. Elle voulait juste des réponses. Hélas, la réponse que Maylon ne l’avait pas vraiment aidé à garder son calme. Elle se laissa tomber sur la chaise, serrant les poings. ❝  t’es pas sérieux, j’espère… tu ne comprends vraiment rien…  ❞  souffla-t-elle alors que sa voix faiblissait. Non. Il ne comprenait vraiment rien. Elle ne lui en voulait pas pour son frère. Elle lui en voulait pour cette stupide promesse et surtout, elle s’en voulait à elle-même de ne pas s’être coupée cette nuit-là ! ❝  si on ne vit pas encore, tu me rammènes au manoir ou tu me fous à la porte. c’est la même chose. Je te vois te tuer à la tâche et c’est pour ça que je te donne la moitié et plus des dépenses. Et tu ne ralentis même pas ! Je ne veux pas qu’on m’appel pour me dire que tu as fait un malaise et que j’ai une deuxième tombe à décorer tous les ans !  ❞  Cette fois-ci, sa voix avait fini par se briser alors qu’elle regardait le sol. Puis, elle se leva difficilement et prit une longue inspiration, l’empêchant de répliquer dessuite. ❝  si toi aussi tu veux m’abandonner, dis le clairement. j’te ficherais la paix. ❞

Une énième fois, Maylon avait quitté son lit bien trop tôt dans la matinée. Il n’arriverait jamais à se rendormir, alors il décida de se lever pour rejoindre la salle de bain. Rester inactif était inenvisageable. Ce n’était pas son genre de base, encore moins quand il utilisait ce genre de procédé pour tenir debout. Il allait finir par faire une crise de fatigue, mais ce n’était pas bien grave. Il prendrait une journée de repos pour dormir et il repartirait.
Une fois propre, il s’était attaquée au repas. Il avait fait un déjeuner tout particulier : Le préféré de Jordan. Il voulait que sa cadette mange un minimum. Son bien-être passait bien après. Il grignota et rejoignit le commissariat. Son équipe n’était même plus étonnée de le voir arriver si tôt. Depuis la mort de son ami, quelque chose en lui c’était éteint. Il n’était plus aussi joyeux et souriant. Personne ne connaissait la raison, ce mal qui rongeait Maylon. Il aurait pu le sauvé s’il n’avait pas été un Cambrian…

Plongé dans ses dossiers, il n’avait relevé la tête que lorsque des coupures de journée se glissèrent sous son nez. Jordan. Il aurait dû lui en parler, probablement, mais il n’en avait pas eu le courage. Finalement, le policier évoqua le fait qu’il cherchait deux appartements. Deux studios, pour qu’elle puisse vivre sa vie sans lui. Seulement, il ne comprenait rien d’après sa cadette et celle-ci s’emporta quelques secondes plus tard. La mettre à la porte ? La ramener au Manoir ? Jamais. La suite le serra le cœur. Ses yeux s’humidifièrent doucement. Ils n’avaient jamais réellement eu l’occasion de discuter de tant de choses.

« Si je travaille autant c’est justement parce que je ne veux pas que tu me donnes de l’argent. Je n’aurais jamais les moyens de te payer l’université ou une école alors tout ce que tu me donnes, qui vient de je ne sais où et bien rangé à l’appartement pour que quand tu en aies besoin, tu puisses l’utiliser ! »

Le brun, d’ordinaire si calme, venait de complètement craquer. Il avait tant perdu… Pas seulement son ami, mais un bout de sa famille. En plus de ça, il s’en voulait tellement qu’il allait finir par s’en rendre complétement malade.

« J’ai pas dis ça Jordan. C’est hors de question. Même si tu m’en veux, même si tu me détestes, tu restes ma famille, et je ferais tout ce que je peux pour que tu ne remettes jamais les pieds au Manoir. On est sorti de là-bas, et même si j’adore Aidan, c’est de l’histoire ancienne. On… On avait tellement… »

Ils avaient prévu tellement de choses… Pour elle, pour eux, pour oublier en parti les raisons pour lesquelles ils s’étaient retrouvé au Manoir. Les larmes avaient finalement coulé le long de ses jours. Tout semblait si compliqué depuis des jours, et le manque de communication n’aidait clairement pas.

Après avoir mangé et s’être préparée, Jordan avait commencé à faire le ménage. Sans cela, elle ne serait sans doute jamais tomber sur les annonces de journaux concernant des studios. Maylon comptait-il déménager sans même lui en avoir parler ? Lui aussi voulait l’abandonner ?! Les sentiments se bousculaient dans l’esprit et le coeur de la jeune femme. Seulement, la colère prit le dessus. Il n’avait pas fallu bien longtemps pour qu’elle embarque les annonces et se rende au commissariat de police. Elle se présenta à l’acceuil, demandant si son aîné était présent. On lui indiqua rapidement son bureau.

Lorsqu’elle le vit noyé sous les papiers, le coeur de la demoiselle se serra faiblement. Pourquoi se tuait-il autant à la tâche ?! Elle l’aidait d’un point de vue financier. Un soupire lui échappa, elle ne voulait pas se battre. Pas aujourd’hui. Elle fit glisser les annonces sur le bureau du policier et l’interrogea. La réponse de son aîné lui fit froncer les sourcils. Il ne comprenait vraiment rien !! S’il prenait la peine de lui parler, il aurait comprit qu’elle s’en voulait bien plus à elle-même qu’à lui au fond. Ce rejet était une manière pour elle de survivre à la perte et au fait qu’elle ne soit là que parce que Maylon avait fait une promesse à son frère.

Elle grogna donc qu’il n’avait absolument rien comprit avant d’enchaîner que si c’était ainsi autant la ramener au manoir ! Le résultat serait le même. Et puis, qu’est-ce qu’il faisait avec l’argent qu’elle lui donnait ?! Normalement, il pouvait payer une bonne partie du loyer ainsi qu’une bonne partie des courses également à côté. Elle ne faisait quand même pas tout ça pour rien ?! Elle qui voulait discuter calmemant, c’était mal partie. D’ailleurs, elle s’était complètement emporter. S’il voulait l’abandonner, qu’il le dise clairement. Sur ces mots, la voix brisée, elle avait fini par se lever.

❝ ABRUTIS ! ❞ avait-elle fini par crier aux paroles de son aîné, attirant les regards des collègues de ce dernier. Son sang bouillonnait dans ses veines et tout comme son aîné, les larmes coulaient le long de ses joues. ❝ Je ne prévois pas vraiment d’aller plus loin après le lycée et je garde une partie de ce que je gagne. Je ne te donne pas le reste pour que tu le laisses dans un coin à attendre bêtement qu’il fasse des petits ! Et puis, tu crois vraiment que te tuer à la tâche ça m’aide ? Qu’est-ce que je fais moi si tu crèves parce que tu n’es pas capable d’accepter mon aide ?! Et puis, qui a dit que je te détestais !  ❞  C’était peut-être l’impression qu’elle donnait, mais au fond…

Sa peau commençait à la brûler, à la démanger. Elle perdait le contrôle et elle n’en pouvait tout simplement plus. Elle essuya rageusement ses yeux et s’apprêtait à partir.

Encore une fois, Maylon avait rejoint le commissariat plus tôt que d'ordinaire. Certains avaient bien tenté de lui faire comprendre que vivre ici n'était pas la meilleure des idées. Ce n'était pas comme ça que l'on battait ses démons. Il fallait les affronter, mais pour le moment, le brun n'était pas prêt. Même s'il savait que Jordan le détestait, lui en voulait d'avoir abandonné son frère, il n'était pas capable de l'entendre clairement. Alors la situation, aussi horrible et éprouvante soit-elle, lui allait.
Malheureusement, sa petite bulle de "calme" éclata quand Jordan déposa des coupures de journaux sous ses yeux. Il aurait dû lui en parler… Mais il n'en avait pas eu le courage. Lui dire c'était assumer de prendre des chemins différents alors qu'il tenait à elle plus que tout au monde. Malheureusement, il s'était retrouvé dans une situation où il ne pouvait plus garder ça pour lui. Oui… Il voulait deux appartements séparés pour qu'elle puisse vivre une vie normale sans lui. Sauf qu'il ne comprenait rien d'après elle. Et là, tous les deux craquèrent. La plupart des personnes présentes avaient tourné leur regard vers eux.

Au fur et à mesure que la sorcière parlait, le policier apprenait des choses. Les dernières phrases lui brisèrent le cœur. Elle n'avait pas envie de le perdre, et il faisait tout l'inverse depuis que son ami était mort. Mais probablement qu'une partie de lui voulait qu'elle le déteste pour ne pas avoir été à la hauteur… Par réflexe, il l'avait attrapé par le bras pour la tirer vers lui. Il la serra longuement dans ses bras. Ça lui avait tellement manqué.

" Je suis désolé… Je vais ralentir pour passer un peu plus de temps avec toi, hum ? Pour voir ce qu'on fait… "

Car clairement, garder l'appartement était inenvisageable. Cette pièce, fermé depuis bien trop longtemps, ne servait qu'à leur rappeler de mauvais souvenirs, et leur faire oublier les bons. Ils devaient partir, pour leur bien. Il fallait tout recommencer pour avoir de nouvelles bases. Un appartement plus petit suffirait amplement pour deux personnes, et Maylon pourrait probablement assumer le loyer seul. Car clairement, il ne savait pas d'où venait l'argent de Jordan mais il ne voulait pas qu'elle continue. C'était hors de questions…

Maylon cherchait un appartement. Peut-être même plusieurs. Un constat qui avait créé la confusion chez la sorcière. Elle ne comprenait pas. Décidée à avoir des réponses, elle s’était rendu au poste de police où travaillait son aîné afin de parler avec lui. Parler. Elle n’avait absolument pas envie de se prendre encore la tête avec lui. Pas cette fois-ci et surtout lorsqu’elle vit qu’il était encore noyé sous les papiers. Pourquoi travaillait-il autant alors qu’elle lui donnait clairement assez pour qu’il puisse s’en passer ? Ce n’était pas non-plus comme si elle était une gamine capricieuse qui voulait toujours les trucs les plus cher. Loin de là. Et elle ne lui demandait jamais rien.

Joe avait fini par glisser les coupures de journal sur le bureau de Maylon et s’installa sur un siège face à ce dernier. La discussion fut lancée et la demoiselle perdit rapidement son calme. Il était sérieux ? Deux appartements pour qu’ils vivent séparer ? S’il voulait la foutre à la porte autant la ramener au manoir, cela s’avérerait plus logique ! Autant dire qu’au fil des paroles de son aînés, Jordan comprit rapidement qu’il n’avait absolument rien comprit ! Mais, rien de rien ! De plus, elle se demandait clairement ce qu’il faisait avec l’argent qu’elle lui donnait !

Elle perdait son calme. Si bien qu’elle avait fini par se lever, tremblante et en larmes tout en insultant son aîné. Elle avait attiré le regard des autres policiers ? Tant pis ! Elle devait lui dire ses quatre vérités ! Il ne comprenait rien et clairement elle n’avait pas besoin de le perdre lui aussi. Puis, clairement, elle ne le détestait pas ! Le rejeter était juste plus simple que faire face à la vérité qui lui brisait un peu plus le coeur. Son amour à sens unique, je fais qu’elle soit toujours là à cause d’une promesse et surtout parce qu’elle culpabilisait !

Jordan s’apprêtait à partir. Sa peau la démangeait bien trop et elle avait besoin d’air. Autant dire qu’elle se n’attendait pas à se retrouver nicher contre Maylon lorsque celui-ci reprit la parole. Elle s’était agitée un moment pour échappé à ce contact avant d’éclater davantage en sanglot tout en s’accrochant à son aîné. Et là, elle l’écouta enfin. ❝ mmh. t’as intérêt... ❞ Car clairement, elle n’aimait pas le voir se tuer à la tâche alors que ce n’était pas nécessaire.

A force de patience, la demoiselle avait fini pas se calmer et s’arracher à l’étreinte de son aîné. C’était bien trop douloureux. Elle frotta finalement ses yeux. ❝ y’en a un qui m’avait pas l’air trop mal... ❞avait-elle fini par murmure en baissant le regard. Après tout, elle avait feuilleté les annonces découpées avant de venir.

Une énième dispute… C'était la 20ème, ou peut-être la 100ème depuis le début du mois. Maylon avait arrêté de les compter. C'était comme ça depuis le mort de son meilleur ami. Ce jour-là, tout avait changé. Définitivement. Du moins, c'était ce que le sorcier se disait depuis ce jour-là et une des raisons venaient du fait qu'il ne savait pas utiliser ses pouvoirs angéliques, la raison ? Il était en partie démon et soutenait corps et âme qu'il ne pouvait pas soigner les autres. Il était trop mauvais pour ça.
Finalement, à force de prise de bec, Jordan lui avait balancé à la figure que c'était un crétin et qu'elle ne le détestait pas. Le rejeter devait être un moyen de se protéger, elle en avait perdu un, elle ne voulait pas perdre le deuxième. Alors qu'elle s'apprêtait à partir, Maylon empoigna son bras pour la tirer contre lui. Il en avait besoin, mais elle bien plus que lui. Le brun lui promis de faire attention et de ralentir le rythme. Il pourrait utiliser l'argent de Joe pendant quelques temps, mais il faudrait clairement déménager, ce qu'il ne manqua pas de soulever. Un moment plus tard, la sorcière s'écarta de lui, après une bonne crise de larmes. Ils faisaient la paire tous les deux à se rejeter alors qu'ils avaient besoin l'un de l'autre.

Finalement, la brune reprit la parole en indiquant que l'un des appartements la tentait. Maylon en avait vu plusieurs qui avait l'air bien, mais, ils étaient plutôt petit pour deux. Certes, cela permettrait que Jordan arrête de gagner de l'argent d'une manière improbable et potentiellement dangereux, et que le policier puisse subvenir au besoin du foyer sans se tuer à la tâche. La seule réponse qu'il donna fut :

" Alors je prends le canapé. Tu as besoin d'un espace calme pour travailler, et je suis capable de m'endormir partout. Montre-moi. "

C'était exactement celui sur lequel il avait flashé quelques jours plus tôt. Il était dans le même quartier que le leur, plutôt grand… Il hocha doucement la tête en promettant d'appeler dans la journée. Mais là… Il voulait un peu enterrer la hache de guerre. Il avait des mois à se faire pardonner.

" Hum… Tu veux manger avec moi à midi ? Y'a un restaurant sympa pas très loin… "

On aurait presque pu jurer qu'il n'était pas sûr de lui… Comme si c'était un premier rendez-vous

Une énimème dispute. Jordan avait fini par perdre son calme. Elle s’était relevée d’un bond, en larmes tout en insultant son aîné. Clairement, il ne comprenait absolument rien ! La demoiselle l’avait rejeté à cause de la culpabilité et surtout pour se protéger. Elle avait déjà perdue son frère, elle ne voulait pas le perdre lui non-plus. De plus, savoir que Maylon faisait attention à elle juste pour une promesse faîte à son frère… Ca la détruisait. Après tout, elle avait un coup de coeur pour Maylon depuis une éternités et tout cela était une torture pour elle.

Comme sa peau commençait à la démanger, à la brûler, Joe fit un pas en arrière. Elle voulait partir, prendre l’air. Autant dire qu’elle ne s’attendait clairement à à se retrouver soudainement nicher contre le torse de Maylon. Naturellement, elle s’était débatu avant de complètement céder en s’accrochant à lui, complètement en larmes. S’en était trop ! Elle ne supportait clairement plus cette ambiance et les tensions entre eux. Depuis la mort de son frère, c’était comme s’ils étaient soudainement devenu incapable de se comprendre !

Heureusement, les choses s’apaisèrent lentement. Pour une fois, la dispute fut nécessaire et presque bienfaisante pour le duo. Rassurée par la promesse de Maylon de ralentir le rythme, Joe avait fini par lentement s’apaiser. Frottant ses yeux, elle avait fini par doucement se libérer de l’étreinte de son aîné. Puis, elle souffla qu’elle avait vu un appartement qui n’était pas trop mal. Enfin, c’était bien plus proche d’un studio, mais cela leur serait sans doute suffisant.❝ non. Je prends le canapé. Je suis bien plus petite que toi, je n’aurais aucun problème à tenir sur le canapé. ❞ Clairement, elle avait son petit metre soixante, elle était bien plus adapté pour un canapé que lui. Cela lui suffisait amplement et ce n’était pas comme si la chambre était un espace clos d’après l’annonce. Annonce, qu’elle lui montra après avoir parcouru les papiers. De tout évidence, elle n’était pas la seule à l’apprécier et Maylon lui promi d’appeler le propriétaire dans la journée. Parfait.

Manger avec lui ? Autant dire que la demoiselle était surprise par cette proposition. Elle ne savait même plus depuis combien de temps il avait vraiment mangé ensemble. ❝ euhm… pourquoi pas… je… je t’attends dehors… ❞ souffla-t-elle avant de se glisser hors du bâtiment. Elle s’installa sur un banc et ferma les yeux pour se calmer. L’air frais, le calme. Tout cela lui fit un bien fou. Ses démangeaisons n’étaient plus et son coeur s’était quelque peu clamé. Parfait. Elle quitta finalement le banc quand Maylon sortit et le suivit jusqu’au fameux restaurant.

Ils s’installèrent en terrasse et Jordan se concentra sur la carte. Clairement, elle n’avait pas l’habitude de tout ça et ne savait que choisir. Ce n’était pas une grosse mangeuse et elle avait beaucoup de mal à sortir de sa zone de confort. Seulement, elle voulait tenter, histoire de fêter un peu la bonne nouvelle.

Maylon et Jordan s'étaient encore disputés… Une énième fois. A croire qu'ils n'arrivaient plus à communiquer autrement. Tout était devenu compliqué depuis la mort de son ami. Mais cette fois-ci, la dispute avait eu un effet bénéfique. Ils s'étaient envoyés à la figure ce qu'ils n'avaient pas osé se dire depuis des mois. Ils s'en voulaient chacun de leur côté et cela avait suffi à briser leur complicité. Le policier tenait à sa cadette plus que tout au monde, autant parce qu'il la considérait comme sa famille, autant parce qu'il craquait sur elle depuis plus d'une année maintenant.
Finalement, ils envisagèrent de prendre un plus petit appartement, assez pour que Maylon puisse assumer seul. Le brun évoqua le fait de dormir sur le canapé car il n'avait pas besoin d'une pièce pour bosser, il avait plus ou moins besoin que d'un lit. Sauf que la brune ne laissa rien passer, et son argument avait fait sourire le policier. Effectivement, elle pouvait s'étendre sur le canapé, ce qui n'était pas son cas.

" Eh bien, je suppose que n'importe quel argument ne battra celui-ci. "

Le sorcier promis de téléphoner dans la journée.
L'instant d'après, il lui proposa de déjeuner avec lui. Déjà, ça lui ferait prendre une pause, mais surtout, ce serait le moyen d'enterrer un peu plus la hache de guerre. Autant en profiter. Il y avait un restaurant plutôt sympa à quelques pas du commissariat. Lorsque Jo sortit après avoir accepté, le brun se changea rapidement. La tenue était peut-être respectée ici, mais il n'avait pas envie de se balader en uniforme hors de ses fonctions.
Peu de temps après, ils arrivèrent au restaurant et s'installèrent en terrasse. Clairement, la puce avait besoin d'air et il faisait assez beau pour profiter un peu du soleil. Ça faisait combien de temps qu'il n'avait pas pris le temps de profiter ? Un faible sourire se dessina sur ses lèvres quand il la vit observer la carte.

" Tu n'es pas obligé de faire un écart. "

Le brun commanda finalement un plat plutôt simple. A force de sauter nombre de repas ou de manger à peine, il avait doucement perdu l'appétit. Tout s'arrangerait d'ici quelques temps, il en était certain, mais il préféré ne pas forcer.

" Faudrait peut-être qu'on apprenne à discuter toi et moi… "

Histoire d'éviter d'avoir des situations du genre à l'avenir…

Encore une dispute. Cela devanait clairement une habitude. Seulement, et pour une fois, ce fut bénéfique ! Cette dispute leur avait permit à tous les deux de vider leur sac, de mettre les choses à plats. Certes, tous les non-dits n’avaient pas été complètement mit sur la table, mais cela permettait au moins de réaliser un premier pas vers l’entente qui leur faisait défaut depuis la mort du grand-frère de Joe. Maylon lui avait même proposé de manger ensemble, c’était pour dire. Déstabilisée, la jeune demoiselle avait tout de même accepté avant de quitter le commissariat pour prendre l’air, installée sur un banc.

Le repas fut quant à lui relativement calme et comme les jours qui avaient suivit. Ils ne semblaient plus se fuir autant et à son plus grand bonheur Maylon avait même un peu ralentit. De plus, le duo n’avait pas tardé à visiter le studio sur lequel ils avaient tous deux craqué. Défendre leur dossier n’avait pas été simple, cela dit avec le support d’Aidan et de Castiel, ils avaient réussi à avoir le studio. Dans quelques jours, ils pourraient s’installer et Jordan avait hâte. Hâte de quitter l’appartement où une chambre était condamnée. Hâte de mettre de la distance avec les mauvais souvenirs et enfin prendre un nouveau départ.

Le week-end du déménagement arriva finalement.

Joe s’était levée tôt, bien trop tôt. Elle voulait gagner un peu d’argent avant de vraiment s’installer. Elle avait donc choisi un client qui ne demanderait pas une coupure très importante. Juste de quoi combler son manque et arrêter de trembler. Une simple entaille au doigt avait suffit et il serait aisé de mentir sur sa provenance. Vu qu’elle avait tendance à se blesser aisément, il lui suffirait de dire que cela venait d’un carton.

Le job fait, l’argent en poche, Jordan passa par la boulangerie et rentra. Une nouvelle excuse pour être partie si tôt ce matin-là. Lorsqu’elle passa la porte, Maylon était déjà levé, bien entendu. ❝ j’ai ramener le petit-déjeuner… on va avoir besoin de force pour s’installer. Et ça. ❞ liant les gestes à la parole, elle déposa les viennoiseries sur le comptoir avec une petite enveloppe. ❝ avant de grogner, ne pause pas de questions et prends le. Je sais que toutes tes économies sont passés dans la garantit, le loyer et tout le reste. Ainsi que la dernière enveloppe dans les prochaines courses. ❞ Elle ne pouvait répondre à ses questions et ils en avaient besoin de cet argent. Que ce soit pour les mettre de côté et s’assurer le prochain loyer ou bien les prochaines courses, par exemple.  

Maylon et Jordan s'étaient disputés, mais pour une fois, c'était pour la bonne cause ! Ils s'étaient en parti avoués ce qu'il avait sur le cœur. Des non-dits qui avaient rendu leur relation très difficile à gérer. Ils avaient même fini par envisager de déménager dans un appartement plus petit. Cela permettrait au policier de ralentir et à sa cadette de ne plus gagner d'argent d'une manière probablement illégale. Et puis… Ils ne passeraient plus devant cette pièce condamnée tous les jours. Après tout, le brun ne pouvait pas nier que cette situation n'avait rien arrangé à la relation qu'il entretenait avec sa cadette. Cette porte… Elle voulait dire tellement de chose pour eux. C'était la preuve "vivante" du manque. Un frère… Un ami… Ils avaient perdu un bout d'eux, et cette pièce était là pour leur rappeler tous les jours.
Finalement, le groupe déjeuna à l'extérieur pour enterrer la hache de guerre. Les jours qui avaient suivis, ils avaient fait en sorte d'avoir l'appartement qu'ils voulaient avec le soutien de Castiel et Aidan. Après tout, même si Maylon était policier, il n'était pas payé des cents et des milles… Il passait de justesse pour les conditions de location !

Puis le jour du déménagement arriva.

Maylon se réveilla difficilement avant de rejoindre la salle de bain. Il devait se donner du courage pour tout déblayer. Ils auraient encore l'appartement quelques temps, mais ils devaient faire le maximum aujourd'hui.
Propre et réveillé, le sorcier avait rejoint le salon. Vide. Comme le reste de la maison d'ailleurs. Puis le porte s'ouvrit un instant plus tard sur Joe qui rentrait avec des viennoiseries, et de l'argent… Encore venu de nulle part. Il avait voulu poser des questions, mais, comme elle le disait, ils en avaient besoin, et ce n'était pas plus mal d'avoir l'esprit tranquille pour les prochaines courses. Il soupira doucement et pris un croissant avant de se faire un café.

" J'ai des amis du boulot qui viendront nous aider un peu plus tard. "

Puis… Le terrible sujet devait être évoqué. Cette chambre. Il fallait l'ouvrir, la vider. Et même malgré les mois, la douleur était toujours là. Il n'était même pas sûr d'être capable de pouvoir passer la porte.

" Je… Pensais demander à Castiel pour… Pour ses affaires. On pourrait les mettre dans la cave du nouvel appartement, le temps… … Le temps d'avoir le courage de faire du tri. Je… "

Il n'en était pas capable. C'était encore trop vif dans son esprit et il se doutait que c'était la même chose pour Jordan.

Le jour du déménagement était enfin arrivé ! Il fallait dire que Jordan avait plus que hâte de quitter cette appartement. Il était remplit de bien trop de souvenirs qui étaient lentement devenu douloureux. Un nouveau départ ne ferait donc de mal à personne. Pour cela, Joe s’était levée terriblement tôt ! Il leur faudrait un peu d’argent et elle avait un moyen facile d’en gagner. Elle n’avait d’ailleurs pas eu de mal à trouver un client qui ne nécessitait pas une trop grosse coupure. Juste une égratignure sur le bout d’un de ses doigts. C’était parfait. Cela comblerait son manque, arrêterait ses tremblements et serait aisé de dissimuler. Elle pourrait, en effet, toujours dire qu’elle s’est coupée en faisant un carton, ce qui ne serait pas étonnant venant d’elle.

Ainsi, Jordan avait quitté l’appartement assez tôt ce matin-là et c’était rendu à son lieux de rendez-vous. Le travail fut rapidement effectué et elle rentra, s’arrêtant à la boulangerie en passant. Après tout, il faudrait bien trouvé une excuse au fait qu’elle ait quitté la maison si tôt le jour du déménagement. D’ailleurs, elle avait bien eu raison, car comme elle le pensait, Maylon s’était levé tôt lui aussi. Elle annonça donc le petit-déjeuner et déposa une petite enveloppe à côté. Le reste de sa paye. Seulement, il avait interdiction de poser la moindre question. Il devait juste l’accepter et ce même si cela ne lui plaisait pas. Il avait dépenser toutes ses économies et ils avaient vraiment besoin de cet argent. Son argument fut entendu, et son aîné accepta l’argent, un peu à contre-coeur.

Finalement, Jordan s’installa également pour prendre son petit-déjeuner, se contentant d’hocher la tête aux paroles de son aîné. De l’aide ne leur ferait pas de mal… Seulement, pour le reste, autant dire que cela lui avait coupé l’appétit. Parler de cette pièce était toujours douloureux. Ils l’avaient soigneusement évité depuis ce fameux jour, mais là, il le faudrait bien. ❝ fait ce que tu veux… je dois continuer mes cartons  ❞ souffla-t-elle en fuyant dans sa chambre. Pourtant, contrairement au fois précédente, elle n’avait pas utiliser un ton froid ou distant. On pouvait juste deviner combien le sujet lui était douloureux.

Terminant sa chambre, elle passa à la salle de bain et ainsi de suite avant de s’étaler sur le canapé. Pas de coupure accidentelle pour le moment, mais elle sentait bien que cela pourrait arrivée à tout moment dans la journée… Mais pour le moment, pause. Soupirant faiblement, elle se tourna vers son aîné. ❝ tes potes ont une voiture au moins ? Car honnêtement, je ne me vois pas porter les cartons à travers la ville  ❞ surtout avec son petit gabarie.

Le déménagement était pour aujourd’hui, du moins, le plus gros. Il faudrait ensuite remettre un bon coup de propre dans l’appartement et vider la chambre du troisième, et ils pourraient le rendre. Tout semblait être assez bien organisé !
Maylon se réveilla difficilement avant de se rendre directement dans la salle de bain pour prendre une bonne douche et surtout, se donner le courage de tout déblayer. Le brun se retrouva ensuite seul dans l’appartement. Où Jordan s’était-elle enfuie encore ? La réponse ne tarda pas à arriver, accompagné d’une bonne odeur : La boulangerie. Le policier s’installa donc à table avec elle pour déjeuner tranquillement avant d’évoquer le sujet le plus difficile. Il pensait faire venir Castiel pour faire les cartons de la chambre de son ami, mais… il voulait que sa cadette soit d’accord avec l’idée. Mais la réponse fut la plus probable, ils avaient encore mal tous les deux de toutes évidence. Le brun soupira faiblement avant d’envoyer un message à l’Ange pour lui demander s’il était disponible la semaine suivante pour emballer les affaires.

Finalement, Maylon termina les cartons de sa chambre avant de s’activer avec Jordan dans d’autres pièces de la maison. Ses collègues ne tarderaient pas à arriver, il fallait se presser. Il aperçut la demoiselle étalée sur le canapé et sa question la fit sourire.

« On a louer un van. Un de mes collègue le récupère, et en deux trajets ça devrait être bon. Alors je te propose de faire le premier avec nous et ensuite de rester à l’appart pour ranger les cartons aux bons endroit, histoire qu’après on ait qu’à les déballer. Enfin je pense qu’il faudra aussi trier, c’est clairement plus petit là-bas. »

Peu de temps après, quelques collègues de Maylon arrivèrent pour faire le déménagement. Le premier trajet avait été plutôt rapide car tous étaient en forme. Mais le deuxième fut clairement plus compliqué car c’était le passage avec tous les meubles lourds : Lit, canapé, électroménagé. D’ailleurs, à peine avaient-ils posaient le dernier objet qu’ils s’étaient assis au sol.

« On commande des pizzas ? Jordan ça te vas ? »