Le tic-tac de la pendule résonne dans mon esprit, se mêlant aux mots de cet inconnu. Cette sensation qui m'est si familière, il m'a dit la connaître lui aussi. Suis-je censée le croire?! Mais, il n'a aucune raison de me mentir ainsi. Depuis cette rencontre, je repasse son discours en boucle dans mon esprit. Comment une personne peu appréciée cette chose au fond de nous?! Je retourne encore et encore ses mots, mais je n'arrive pas à les comprendre. Ou peut-être que je refuse tout simplement de les comprendre. Je n'ai jamais aimé ce que je suis devenue. Cette chose m'a arraché tous ceux qui m'étaient chers et m'empêche aujourd'hui encore de m'attacher aux autres. Faire la paix avec me semble impossible, pourtant certains semblent y arriver. Effort et sacrifice. J'ai connu les deux sans le moindre résultat. Une chose à laquelle me raccrocher. Je ferme les yeux, soupire. J'ai perdu mon ancre il y a bien longtemps et je n'ai jamais trouvé la force d'en trouver une nouvelle. Je ne souhaite même pas m'accrocher, j'y suis contrainte. Mon coeur se brise un peu plus, mon visage reste impassible. Une présence se fait ressentir à mes côtés. Mon patron. Il me fixe, je reste silencieuse. Finalement, j'ai fini depuis une petite dizaine de minutes et il me dit qu'au vue de mon visage qui est loin d'exprimer joie et bonne humeur, il est temps pour moi de partir. Je ne nie rien, je me contente de partir. J'entends la sonnette résonner derrière moi tandis que la porte se referme et que je me mélange lentement à la foule.

Le regard vide posé devant moi, j'erre sans but précis. Je ne peux pas rentrer, pas maintenant. J'aimerais pourtant, mais je sens que la bête n'apprécie pas vraiment cette solution. Rester enfermée est devenue l'activité la plus stressant que je peux vivre à présent ou presque. J'évite les bousculades pour ne pas l'énerver et tente de ne pas m'attarder sur les odeurs et les sons qui m'agressent de toute part. J'opte pour la seule solution que je connaisse, écouter de la musique. Je mets le volume assez fort pour qu'aucun son ne me parvienne et je m'éloigne de la population en me glissant dans le parc à la périphérie de la ville. Il est calme, presque désert à cette heure de la journée. Ce n'est d'ailleurs pas plus mal. Je marche un instant, je tente de ne pas m'attarder sur l'odeur des fleurs que j'appréciais auparavant qui maintenant me donne envie d'éternuer. Finalement, je finis la m'installer sur l'un de banc libre. Je ramène une jambe contre ma poitrine et j'observe ce qui m'entoure en regrettant de ne pas avoir apporté un ouvrage. Je laisse mon regard dans le vague et mon esprit dériver sur ce que j'étais devenue, mes rêves d'antan. Dois-je tenter d'apprendre une nouvelle fois à contrôler cette chose? La fin sera-t-elle la même que la dernière fois? Je frissonne à cette idée. Je ne veux plus sentir ce goût de chair dans ma bouche qui me hante nuit et jour, je ne veux plus craindre de m'attacher à quelqu'un sous peur de le dévorer cru à la prochaine pleine lune. Je ne veux plus de cette vie.

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Lorsque le réveil sonna, Indianna poussa un long soupire et se leva d’un seul coup sinon il resterait au lit. Il était 5 heures du matin. Le jeune homme prit une bonne douche avant de s’habiller et sortir rapidement Flocon. Il attrapa ensuite ses affaires et se rendit sur son lieu de travail, une réserve à quelques minutes en voiture de la ville. Le jeune homme s’occupa de ses petits protégés en leur donnant à manger et en s’occupant de leur enclos. Une fois le travail terminé, il n’avait plus rien à faire. Le parc était fermé pour quelques temps à cause de rénovation alors il restait juste le temps de bichonner ses loups.
Bon, il était quand même environs 14 heures quand il rentra chez lui. Il reprit une bonne douche et s’habilla rapidement pour pouvoir sortir et avec Flocon serait le mieux. La petite bête fit ses besoins avant que le Cheyenne l’emmène dans le parc pour jouer. Le petit bout avait besoin de se dégourdir ses pattes à sa manière de sauter priant pour ne plus avoir sa laisse. Chose qui arriva rapidement. Et malheureusement pour Indianna, le chiot prit route vers une personne qu’il ne pensait pas recroiser de sitôt.

La demoiselle avait réveillé en lui des souvenirs qu’il avait voulu oublier. Le goût du sang dans sa bouche, la sensation de la chair contre ses dents, tout était revenu quand il avait tenté de la convaincre d’apprendre à se maîtriser. Il ne savait même pas si son discours avait pu provoquer quelque chose chez elle. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, le chien se coucha au sol. Il avait fait exprès ou quoi ? Indianna avait pour la première fois envie de lui mettre un bon petit coup pour qu’il comprenne que ce n’était clairement pas à refaire.

« Désolé, fais comme si tu ne m’avais pas vu. »

Son loup lui criait de rester là, mais il était bien trop têtu pour l’écouter. Il donna un petit coup à Flocon pour qu’il se lève et l’attrapa par la peau du cou pour qu’il aille de l’autre côté où il pourrait jouer. Le chiot couina et finalement prit route vers l’endroit que voulait son maître.
Indianna soupira longuement. A croire que son loup avait prémédité les choses. Etrange mais c’était la sensation qu’il avait. Il savait que ce genre de chose venait quand un loup s’imprégnait d’un autre, mais comment cela pouvait être possible alors qu’ils s’étaient disputé. Aucune preuve d’amitié, aucune démonstration ou autre. Le jeune homme était perplexe. Il essaye de ne pas y penser en jetant un bout de bois à Flocon.

Le soigneur était pertubé, pourquoi avait-il fallut qu’il la croise aujourd’hui ? Alors que ça ne faisait pas si longtemps qu’il l’avait bousculé psychologiquement parlant. Elle allait peut-être le gifler ? Il n’en savait rien et s’en fichait royalement. Enfin pas tellement, il se demandait plutôt s’ils allaient arriver à s’ignorer encore longtemps. Parce que son loup ne cessait de vouloir la regarder, aller lui parler.

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Assise sur l'un des nombreux banc libre du parc, un genoux ramené contre la poitrine et la musique à fond dans mes écouteurs, je regarde devant moi, le regard aussi vide que d'ordinaire. La créature au fond de moi semble apprécier la musique qui passe, dansant et remuant en rythme. C'est sans doute là, la seule et unique chose que nous apprécions en commun. L'entente est-elle donc possible entre nous? Je ne peux m'empêcher d'y penser depuis que ce garçon, sans doute plus jeune que moi m'a fait une leçon de moral sur la façon plus adaptée de vivre en tant que loup-garou. Ses mots repassent en boucle dans mon esprit depuis notre rencontre. J'ai essayé, il y a longtemps, de maîtriser cette chose, mais cela n'avait pas eu un résultat positif. Peut-être n'ai-je pas essayé assez... Je n'arrive pas à imaginer ma vie autrement et pourtant, je prie à l'idée qu'elle soit ainsi. Qu'un rayon de soleil transperce mon ciel éternellement gris. Je n'ai plus envie de me battre depuis plusieurs années, elle se bat pour moi. Je ferme les yeux, un instant et soupire.

Soudain, le calme est brisé. Elle s'agite lentement mes surement au fond de moi. Une odeur familière me parvient. J'ouvre les yeux et aperçois un chiot, familier au pied du banc où j'ai pris place. Mon regard ne tarde pas à dériver sur son maître, le donneur de leçon. Il prononce sans doute quelque chose à mon égard, mais la musique m'empêche de comprendre ce qu'il me dit. Je n'en reviens pas de ce que je vais faire. Je retire mes écouteurs, éteints ma musique et me relève dans un geste trop fluide au vue de ma position initiale, mais je ne m'y attarde aucunement. Je dois le demander maintenant si je ne peux pas abandonner l'idée dans l'instant. « Attends... euhm... » Je ne suis plus vraiment habituée à ça. Trouver les bons mots pour ne pas me montrer maladroite ou blessante dans mes paroles. Ma solitude m'empêche de développer un talent d'oratrice, c'est certain et dans ses situations, je le regrette. Sans parler de la créature en moi qui s'agite un peu trop. Soit elle ne l'apprécie pas, soit c'est autre chose, mais quoi?! « Je veux bien ré-essayer... » Dis-je d'une voix semblable à un murmure loin d'être assurée. Ce n'est pas la bonne formule. Je prends une profonde inspiration, soupire, me plonge dans mes pensées. « Accepterais-tu de m'aider? » Trop directe sans doute... La vie de solitaire n'aide pas pour ce genre de choses et ce n'est pas près de s'arranger.

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Indianna avait la tête ailleurs depuis quelques jours. Tout ça à cause d’une fille qui rejetait sa louve. Le meilleur moyen de faire des tueries. Il en savait quelque chose… De toute façon, il n’y avait que trois options pour les loups-garous, le déni, l’acceptation ou le suicide. Il ne connaissait pas une personne qui avait pris un autre chemin. En plein dans l’enclos des loups de la réserve, le Cheyenne avait poussé un grognement. Cette fille lui restait en tête. Il ne savait même pas ce qu’elle avait pu penser de ce qu’il avait dit. Il devait le trouver con au possible à vouloir qu’elle accepte sa condition. Puis elle avait raison, il ne la connaissait pas assez pour pouvoir juger. Mais bizarrement, il n’avait pas envie qu’elle fasse une connerie.

Une fois de retour chez lui après une matinée chargée, Indianna prit route vers le parc avec Flocon. La boule de poils avait besoin de se dégourdir les pattes, ça se voyait. Une fois arrivée la bas, il détacha l’animal qui se dirigea instantanément vers la rousse de la dernière fois. Mais qu’avait-il fait au ciel pour devoir la croiser de nouveau. Il s’excusa et écarta Flocon de ses jambes pour retourner là où il se trouvait à la base.
Puis sans savoir comment, la demoiselle se retrouva face à lui. Le jeune homme la regarda un instant. Réessayer ? Il comprenait bien le mot mais n’était pas sûr que cela concerne leur discussion de la dernière fois. Il se sentait prit au dépourvu, ne pensant clairement pas qu’il faudrait si peu de temps à la rousse pour réagir. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres à la deuxième phrase. Lui, l’aider. Bien sûr qu’il était partant. Hors de question de la laisser seul et son loup se réjouissait de cette idée.

« Eh bien, je ne suis pas un bon prof mais je veux bien t’aider. »

Déjà, l’étape un était tout simplement d’accepter. C’était la plus difficile, et encore plus pour un mordu. Lui, il avait connu ça toute sa vie, accepter sa condition était presque dans la logique des choses. Petit, il avait même cru que tous les humains étaient comme lui.

« La première des choses à faire, c’est d’accepter. C’est comme ça et ça ne changera jamais… Tu le resteras toute ta vie. J’imagine que ça doit vraiment changer la vie quand on le devient du jour au lendemain. Mais maintenant, tu as un animal en toi, qui peut être ton pire cauchemar comme ton meilleur allié. Tu peux tuer, tu peux faire souffrir, mais dit toi aussi que tu peux aider, et comme jamais tu as pensé. Ton instinct pourra te sortir de tous tes problèmes. Mais dis-toi que maintenant, tu partages ta vie avec un loup. »

Ca ne servait à rien de lui apprendre à contrôler ses dons si déjà, elle ne se disait pas que sa vie était à présent mêlée à celle d’une louve. Ça serait dur, comme à chaque fois qu’il fallait accepter quelques choses.

« Ce que tu as vécu avant, ne tentes pas de l’oublier, trouve en ça ta force, le fait de ne plus vouloir que ça se reproduise. Fais en sorte que ce soit la chose qui te fasse garder les pieds sur Terre. Ta faiblesse doit devenir ta force. »

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Assise sur un banc du parc, une jambe ramenée contre moi, je me plonge dans la musique qui se mélange à mes pensées. Je reprendre à ma rencontre avec ce jeune homme, à ces paroles. Je n'ai pas tout compris, ou plutôt je ne peux pas tout comprendre. J'ai trop longtemps associé ce que je suis devenue à un monstre que changer d'avis aussi aisément pour une toute autre vision est pour le moins compliqué. Soudain, la créature au fond de moi s'agite et une odeur familière me parvient. J'ouvre les yeux et reconnaît le petit chiot de la dernière fois avant de tomber face à son maître. Il prononce quelques mots et s'apprête à partir. Je ne sais pas si je vais regretter cette décision, mais j'arrête ma musique et me place devant lui dans une succession de geste qui me semble, personnellement, bien trop fluide. Maladroitement, je lui demande de l'aide. Pour maîtriser cette chose, pour ne plus craindre autant de blesser les autres si j'ose m'en approcher. Dans ce cas précis, on voit à quel point je ne suis pas du tout habituée à m'adresser à une autre personne. Je réfléchis, pèse mes mots et tente de ne pas me montrer insistante ou blessante. Mon coeur se serre tandis que j'attends la réponse de ce loup de naissance, ma louve s'agitant beaucoup trop à mon goût comme pour me faire comprendre une chose que je ne peux comprendre.

Je soupire, soulagée lorsqu'il accepte de m'accorder son aide. D'ailleurs, il n'attend pas une seule seconde pour rentrer dans le vif du sujet. Je me fige. Accepter est la première étape... On commence avec le plus dur d'après ce que je comprends. Je ne dois pas oublier le passé, mais en faire ma force. Ce n'est sans doute pas une bonne idée finalement. J'ai déjà tenté tout cela et rien n'a semblé fonctionner.  Je sais qu'il n'en sera jamais autrement à présent, mais l'accepter avec tant d'années me semblent compliqué. Je laisse dériver mon regard accompagné d'un faible soupire. Comment vais-je faire?! Je sens ma louve se calmer comme si elle attend quelque chose, patiente. Un comportement qui la fait sembler plus terrifiante encore que d'ordinaire. « Et comment suis-je censée faire ça? » Je m'interroge, je l'interroge, car honnêtement, je ne sais pas par où commencer pour y arriver.

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La journée s’annonçait compliqué pour Indianna… Aider la transformer à accepter son loup allait être une tâche compliqué. Pas parce qu’elle ne voulait pas, mais parce que c’était dur. Ce n’était pas comme faire son coming-out ou autre chose du genre, c’était ce dire qu’on partageait sa vie avec un animal dangereux et que jamais il ne séparé de vous. Tuer un alpha n’était pas donné à tous les oméga & béta.
Mais la demoiselle avait fait le premier pas. Indianna se lança alors dans un long monologue. Et la réponse fut une simple question. Il rigola doucement, surtout en se rappelant qu’il ne connaissait même pas son prénom.

« Et bien… Fais en sorte d’avoir un point commun avec elle. Pour ma part c’est les animaux, j’adore travailler dans le zoo et mon bonheur est doublé parce que mon loup se sent bien. Certains aime la lecture, jardiner. C’est rien de bien particulier mais c’est quelque chose à laquelle tu tiens. Tu aimais quoi avant de te faire mordre ? Ton loup te ressemble bien plus que ce que tu penses… »

Effectivement, son loup était une sorte de double. Les gens impulsifs le devenaient encore plus. Les gens doux l’étaient encore plus.

« Au fait, je m’appelle Indianna, enfin pour les Américains, je t’épargne mon prénom Cheyenne. Désolé, j’étais emporté par la mission. »

Un sourire sincère se dessina sur ses lèvres. Il attrapa la bête à ses pieds qui ne cessait pas de mordiller son jean depuis quelques temps. Il lui tapota le museau avant de le reposer histoire qu’il comprenne que ce n’était pas le moment.
La petite boule de poil gronda avant de se coucher en soufflant. Il était susceptible le chiot. Il devait vouloir se rendre intéressant devant la louve. Ca le faisait rire. Les animaux réagissaient vraiment d’une manière incroyable avec les loups-garous, et assez régulièrement c’était positif.

Le jeune homme regarda son élève. Elle avait l’air de vraiment vouloir se battre pour ne plus être à la merci de sa louve. Il se demandait si c’était son discours de la dernière fois qu’il l’avait fait autant réfléchir mais il ne préféra pas lancer un sujet sensible. Il se contenta de reprendre la parole.

« Toi, tu aimes quoi ? »

Il devait bien y avoir une chose qui lui faisait garder son calme ? Faire les magasins peut-être ? Après tout, elle est toujours très bien habillée ! Ou autre chose. Rien à faire, il n’en avait pas la moindre idée.

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Je ne m'attends pas à tomber aussi rapidement sur le loup-garou de l'autre fois tandis que ces mots traînent encore dans mon esprit. Je le rattrape sans doute un peu trop vivement lorsqu'il me tourne le dos en prononçant des paroles que je n'entends pas à cause de ma musique. Musique que j'éteints et range dans ma poche, bien entendu. De façon incroyablement maladroite et qui marque mon manque de contact humain, je lui demande s'il accepterait de m'aider. M'aider à contrôler cette chose comme il semble si bien le faire. C'est ma seule chance de pouvoir mener une vie un minimum normal et je n'ai pas vraiment le choix de toute manière. Je soupire donc soulagée lorsqu'il accepte avant d'être surprise par la suite de sa réaction. Il comme aussitôt par la première leçon, l'acceptation. Dit comme ça, on aurait pu croire aux étapes du deuil. On peut sans doute lier les deux... Enfin, je l'écoute attentive et pour le moins découragé par ses paroles. Comment suis-je censée faire amie-amie avec une créature qui ne semble apprécier que le sens. La réponse que le loup me donne semble si simple à première vu... Trouver une passion commune. Une fois encore comment suis-je censée trouver ça? Je n'ai pas énormément de passion, je les ai toutes perdues avec les années et les épreuves que j'ai parcourus jusqu'à aujourd'hui.

L'inconnu m'extirpe rapidement de mes pensées en se présentant. Il est vrai que je ne connaissais pas son nom. J'acquiesce et me présente à mon tour avec la plus grande simplicité ainsi qu'une pointe de maladresse. « Cassiopea. Mais, Cassie ou Cass suffira. » Ceci fait, je réfléchis une fois encore. La musique est sans doute ma plus grande passion, la seule qui occupe la totalité de mes journées. Le piano me manque, quant à lui, énormément, mais je n'arrive pas à passer outre ce blocage qui me prend à chaque fois que je m'installe sur un banc de piano. « La musique. » Répondis-je à l'interrogation de Indianna, toujours un peu pensive. Il est vrai que la louve semble se calmer lorsque j'écoute de la musique et qu'elle s'agite lorsque je passe devant un piano. C'est de ça qu'il veut parler ou est-ce une incroyable coïncidence.

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Indianna entra dans le vif du sujet sans même se présenter, mais la demoiselle face à lui devait absolument comprendre que maintenant, c’était un loup-garou et qu’elle n’aurait sûrement aucun moyen de redevenir normal. Et puis, même si c’était le cas, elle avait traversé trop d’épreuves pour que sa vie redevienne comme avant. Finalement, c’était sa seule option, reprendre le pouvoir sur son loup. Celui-ci était souvent un être bienveillant, mais il fallait lui faire comprendre qui était le maître parce qu’il pouvait très bien devenir le dominant… Et ça, c’était une terrible chose.
Le Cheyenne lui expliqua alors que les deux êtres partageaient pas mal de choses en commun et bien plus qu’elle voulait bien le penser. Après tout, il n’était pas devenu soigneur pour rien et son envie d’aider les autres étaient bien plus développé depuis qu’il avait repris le dessus sur sa moitié animale.

Le jeune homme ne tarda pas à se présenter, se rendant compte qu’il n’avait toujours dit son prénom, trop pris par sa mission. La demoiselle n’avait pas l’air de lui en vouloir et il l’écouta se présenter à son tour. Joli prénom…
Le loup sourit faiblement avant de lui demander ce qu’elle aimait. Ce qui la faisait vibrer au plus profond d’elle. La musique. Tiens, ce n’était pas tellement banal. Et ça devait expliquer les écouteurs qu’elle avait aux oreilles quelques minutes plus tôt.

« Tu n’as pas l’impression d’être apaisé quand tu écoutes de la musique ? Tu penses peut-être que c’est le moyen de ne pas l’entendre, mais c’est simplement parce qu’elle se tait et apprécie. Tu n’as pas des réactions vivent en passant devant une boutique de musique ou devant des instruments ? Je suis sûre qu’elle te crie d’en faire le plus possible, c’est juste que c’est un animal et qu’elle doit pas être doué. »

Il se rappelait encore des réactions de son loup quand il croisait des chiots ou des chatons, pire qu’une mère poule et il avait dû mal à passer son chemin. A cette pensée, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il en avait fait du chemin depuis mais en même temps, il s’était senti obligé d’adopter Flocon, pire qu’un caprice.

« Au début, dès que je croisait un chiot, j’étais bloqué, et j’arriverais pas à partir… Puis j’ai vite compris que c’était avec tous les animaux en général. Maintenant, j’ai besoin d’être à la réserve dès que je peux, j’ai l’impression de revivre. Pour certains c’est encore plus fort. »

Il soupçonné une partie des musiciens de renom et des sportifs de haut-niveau d’être des loups-garous où des bêtes du genre. On ne pouvait pas résister à sa passion quand on était transformé. Alors peut-être que la musique serait le moyen de maîtriser la louve de Cassie… Sûrement, il fallait juste qu’elle l’accepte et ça, c’était plus compliqué.

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Leçon numéro un pour maîtriser la créature en moi, l'acceptation. Une étape si similaire à celle du deuil. Etrange et pourtant, ce n'est sans doute pas si surprenant que ça. Les deux peuvent être assimilés, non? Pensive, j'écoute avec attention la première leçon et les conseils prodigués par le loup-garou né à qui j'ai maladroitement demandé de l'aide. Trouver une passion commune?! Cela semble plus aisé de le dire que de réellement trouver. Rien ne semble lui plaire, rien à part la chaire et le sang. Jamais je ne pourrais partager une telle passion, une telle sauvagerie. Sans doute est-ce là une autre stupide tentative qui ne donnera rien de bon... Mon pessimiste revient au galop. C'est impossible. Une pensée coupée dans son élan par le jeune homme qui se présente. Je réalise alors que je ne connaissais pas son nom et qu'il avait commencé son cours aussitôt après ma requête. J'acquiesce, me présentant à mon tour avec une certaine maladresse. Des mots qui sortent bien peu souvent depuis si longtemps.

Une fois les présentations enfin faîtes, je réponds quelque peu pensive à la question d'Idianna. Certes, elle semble calme lorsque j'écoute de la musique ou bien encore s'agiter lorsque je passe devant un piano tandis que mon coeur se serre. Est-ce là réellement une coïncidence comme je tente de me le persuader depuis que je suis devenue ainsi? Une question qui ne tarde pas à trouver une réponse grâce au loup né. La réponse est-elle réellement aussi simple?! Elle apprécie ses symphonies, ses délicates notes en suspensions autant que moi... Mais, je ne pourrais jamais en faire plus. Plus maintenant.

L'expérience personnelle d'Indianne ne me rassure pas vraiment à ce propos. La louve au fond de moi ne peut-elle pas comprendre que je ne pourrais pas en faire plus qu'à présent lorsque vient le sujet de la musique?! Est-ce donc un échec prévu d'avance?... « Je ne peux pas en faire plus... » Dis-je d'une voix faible semblable à un murmure. Non, je ne peux pas faire plus peu importe le nombre de tentative. Je peux m'installer sur le banc de cet instrument que j'appréciais tant autrefois, mais jamais je pourrais à nouveau laisser mes doigts glisser et virevolter sur ces touches d'ivoires. « N'y a-t-il pas d'autres moyens? » Demandais-je.

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Donner des cours à Cassie serait plus difficile que prévu mais Indianna n’était clairement pas du genre à lâcher l’affaire. Et elle lui avait demandé de l’aide. Autant dire qu’il se sentit presque investit d’une mission divine. Il ne pourrait pas supporter la voir échouer. Elle avait besoin de se contrôler. Tous les loups-garous avaient besoin de se maîtriser. Ils ne devaient plus passer pour une race mauvaise. Après tout, il pouvait tellement faire de choses bonnes qu’ils ne devaient que montrer cette partie d’eux.
Le Cheyenne révéla à son aînée que quelques fois, il avait impuissant face à son loup. Surtout en présence de canidés comme lui. C’était surtout à cause de lui que flocon était présent dans sa vie. Il l’avait pas supporté le voir dans sa petite vitrine. Il avait presque faillit acheter tous les chiens de la boutique. Foutues pulsions

La musique fut évoquée. La louve devait apprécier ça autant que Cassie. Mais la réponse de la rousse le fit grogner légèrement. Ne pourrais pas en faire plus ? Alors elle devait laisse le contrôle à sa louve. Il ne savait pas ce qui s’était passé, mais l’animal en elle pourrait très bien lui faire passer le blocage. Elle le ferait un jour en prenant le dessus contre son gré.

« Perds le contrôle. Je sais… Que ça peut paraître fou, mais elle saura prendre le dessus elle pour te faire avancer. »

Il avait entendu dire que certains loups-garous, aussi violent soient-ils avaient pris le dessus sur leur côté humain pour leur faire dépasser des épreuves, des blocages. Il n’avait jamais fait ça, enfin pas autant, mais chaque jour à la réserve, c’était son loup qui s’occupait de la meute de loups, pas lui. C’était comme s’il lui donner le moyen de faire les choses lui-même. D’être là pour faire mieux et pour l’aider.

« Je peux essayer de me renseigner, je dois bientôt rentrer chez moi, ils pourront peut-être me donner d’autres options pour toi. En tout cas, tu m’as demandé de t’aider et sache que je ne te laisserais pas tomber. Si ça doit prendre des mois ou des années, je serais là pour toi… »

La loyauté des loups était quelque chose qui était très présent chez Indianna. C’était une notion qu’il avait toujours connu et qui faisait partie de sa vie depuis sa plus tendre enfance. Et puis, au moins, la demoiselle saurait qu’elle avait une épaule sur laquelle se reposer et qu’elle ne serait plus seule.

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En faire plus... La solution pour apprendre le contrôle semble si simple et pourtant m'est complètement inaccessible. Je ne peux plus en faire plus, plus depuis l'incendie, plus depuis... Je pince mes lèvres, non je ne peux définitivement pas en faire davantage et ce peu importe le nombre de tentative. Je m'assoies sur le banc d'un piano et me mets à trembler quand vient l'instant de jouer. Non, j'en suis incapable c'est au-dessus de mes forces. Alors, ce combat est perdu avant même d'avoir commencé. Je n'aurais jamais dû espérer. Malgré tout, dans une dernière lueur, je demande à Indianna s'il n'y a pas un autre moyen, une autre façon d'apprivoiser la louve qui tourne comme un lion en cage. « Tu es complètement fou? » Répliquais-je malgré moi. Le but de tout cela est justement d'apprendre à la maîtriser, mais lui donner le loisirs de faire un autre carnage ! Je commence déjà à abandonner, lorsqu'il me dit qu'il tenterait de se renseigner sur les autres options qui peuvent s'ouvrir à moi. Un soupire de soulagement m'échappe et je m'accroche à cette idée.

Je pose mon regard sur lui, curieuse. Je suis reconnaissante qu'il accepte de m'aider, mais pourquoi y met-il autant d'énergie? Je ne suis qu'une étrangère... Sans doute ne souhait-il pas que des innocents soient tués par ma faute. Je peux le comprendre, c'est une chose que moi-même je redoute énormément. « Je dois te laisser... Merci, pour avoir accepté de m'aider... » Dis-je avec un bien maigre sourire avant de suivre mon chemin. La musique, mon allié contre tous mes maux, semble avoir trouvé un compagnon.

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