Journée de fermeture de la boutique. Maelan était partie assez tôt pour rejoindre Matthias. Phi avait donné le change, donnant l'impression de dormir alors que sa soeur avait quitté le loft. Elle ne voulait pas être un poids pour sa soeur qui commençait à trouver sa place ici. Elle était bien. Autant auprès de Matthias que dans cette boutique. Cela faisait plaisirs à Phi, plus encore lorsque le reste de la famille avait confirmé leur venue prochaine. Mais elle? Elle y réfléchissait sans cesse, hantée et incapable de faire le tris dans ses pensées. De plus, cela ne changerait rien. Elle ne serait jamais à l'aise, peu importe où elle vivait. Il y avait des esprits partout, des malaks.

Soupirant faiblement, Phi avait fini par quitter le lit pour passer dans la salle de bain. Tentant de s'enfermer dans sa bulle, elle se prépara ô combien simplement. A quoi bon chercher à faire compliqué. Cela faisait bien longtemps qu'elle avait perdu l'envie de faire autant d'effort que le reste de la famille. C'était le garçon manqué de la bande après tout. Ce n'est donc pas plus étonnant que ça qu'elle soit plus proche de Maneo.

Prête, elle se prépara un bol de ramen avant de se rouler en boule sur le canapé pour manger ce qui lui servirait de petit déjeuner tardif. Puis elle resta là un moment. Jusqu'à sentir qu'elle étouffait. Il y avait trop de monde dans le loft, beaucoup trop de monde! C'était un enfer. Hésitante, elle avait fini par fourrer son portable dans ses poches, son portefeuille aussi. Puis elle quitta l'appartement à la hâte. Pour aller où ? Honnêtement, elle n'en savait fichetremznt rien! Elle voulait juste sortir, prendre l'air et tenter de se retrouver seule...

Après un long moment à errer, Laphi prit un bubble tea avant de finir dans un coin désert du parc. Elle avait besoin d'un coin aussi tranquille possible. Elle y marcha un moment avant de jeter son gobelet vide et  s'installer sur un banc. Elle s'y allongea et plaça son bras pour protéger ses yeux du soleil.

Junzo avait des horaires bien différente d’ordinaire aujourd’hui. La raison ? Il remplaçait sa sœur en vacances pour superviser le bar. Le truc qu’il n’aimait pas réellement faire. D’ordinaire, il finissait vers minuit au maximum, et ce n’était pas là qu’il y avait le plus de monde. Un empathique n’aimait pas l’amas de clients. Au que non… Mais bon, sa sœur pouvait bien profiter de quelques temps loin de Cork. Il le faisait aussi. M’enfin, son absence était moins dérangeante. Le seul avantage qu’il avait, s’il pouvait parler d’avantages, c’était qu’il créchait chez sa sœur. Certes, sa maison à l’extérieur de la ville lui allait, mais un petit séjour dans le centre-ville lui plaisait.
Incapable de se lever plus tard que ce dont il avait l’habitude, Junzo râla. Il allait être dans un état lamentable à 6 heures du matin le lendemain. Mais bon, il n’avait pas l’habitude de traîner. Il pourrait se caller correctement au moins. A cette idée, il soupira longuement avant de se redresser en passant une main dans ses cheveux. Il passa dans la cuisine se faire un expresso avant de manger un brin. Rien de fou, mais assez pour tenir jusqu’à midi. Il prit ensuite une longue douche fraîche avant de se préparer. Hors de question de rester entre quatre murs, en plus, le réfrigérateur et les placards de sa sœur était vide. Ça ne l’étonnait même pas… Elle avait toujours le minimum. Il prit le temps d’avoir une apparence correcte avant de sortir de son appartement pour la semaine.

Son chemin pour rejoindre l’épicerie le fit passer par le parc. Ce n’était pas le chemin habituel, mais, malgré tout, il manquait de verdure. Chez lui, il y avait quelques arbres et fleurs… De l’air frais. Même si Cork était une assez petite ville, ce n’était pas la campagne. Et quelques instants plus tard, une silhouette attira son attention. La nouvelle vendeuse, et future propriétaire de l’herboristerie de sa mère. Une demoiselle qui lui avait laissé une certaine impression. Instinctivement, il se rapprocha d’elle avant de se pencher.

« C’est pas l’endroit idéal pour se reposer. Les gamins adorent traîner ici… »

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, un sourire se dessina sur ses lèvres.

« Laphi, c’est ça ? »

La porte du loft se refermait doucement et seulement là, Laphi s'autorisa à ouvrir les yeux pour regarder le plafond. Feindre d'être endormis afin que sa soeur profite pleinement de sa journée avec Matthias, c'était devenue une habitude. En même temps, Maelan semblait avoir trouvé sa place et rien ne pouvait la rendre plus heureuse. Si, l'arrivée prochaine du reste de la fraterie. Tout le monde enfin réunis ! Tout le monde se plairait. Elle en était persuadée, délaissant une fois encore ses intérêts pour celui des autres Park. En même temps, elle ne pourrait jamais se sentir vraiment à sa place. Les esprits et les malak, il y en avait partout ! Elle ne serait jamais tranquille.

Malgré tout, elle s'était préparée en toute simplicité avant de tenter de faire comme si de rien était. Hélas, cela ne fut que de courte durée. Rapidement, le surplus de fantômes se fit sentir et elle craqua. Elle ne pouvait plus supporter autant d'esprit dans un espace aussi restrein que celui que pouvait représenter le loft. C'était une horreur ! Alors elle était sortie avec le minimum. Portable. Porte-feuille. Rien de plus. Elle voulait juste prendre l'air, passer la journée à autre chose que broyer du noir avec les réflexions sordides de certains fantômes.

Errant en ville, elle avait prit un bubble tea avant de se rendre au parc. Lieu idéal pour se reposer. Enfin... Aussi idéal que possible. Elle s'y promena un instant, jeta son gobelet vide et trouva un coin tranquille, éloignée des groupes d'être vivant. Elle trouva un banc, s'y allongea et plaça son bras devant ses yeux. Elle resta ainsi un long moment, tentant de faire abstraction des esprits autour d'elle. Une tâche bien compliquée. Tout du moins, jusqu'à ce qu'elle sente une aura aussi puissante que familière. Et enfin, une voix. Celle du client de la dernière fois. Le fils de l'ancienne propriétaire de la boutique. Faiblement, elle ouvrit un oeil, constatant une fois encore que les esprits semblaient s'éloigner de lui, comme s'il représentait un danger pour eux. Etrange.

Puis, son regard se reposa sur l'homme. " c'est ça, monsieur Soma. Quant aux enfants, je doute que ce soit eux qui me gêne le plus" souffla-t-elle faiblement avant de se redresser lentement. Assise, elle passa une main dans sa courte crinière.

Yuna avait une semaine de vacances, et une partie de Junzo détestait ça. Cependant, il ne pouvait pas lui interdire de partir, une fois de temps en autres, loin du bar. Même si sa sœur adorait cet endroit, tout comme lui d’ailleurs. Malheureusement, le départ de sa moitié impliqué qu’il reprenne sa place. L’horreur. Lui l’empathique à l’esprit volatile qui devait se coltiner des clients, et pour la plupart bourré, des heures durant. Sans compter sur se caler sur les horaires de sa sœur, ce n’était pas le plus pratique du monde. Autant dire qu’il se leva assez tôt, comme s’il avait travaillé sur son temps, mais il était rentré à six heures du matin… La prochaine prise de poste serait compliquée. M’enfin, il pouvait toujours s’eclipser une petite heure si Riley était là pour somnoler.
Le brun quitta le lit de sa sœur pour rejoindre la cuisine et se préparer un bon café. Il se prépara ensuite après avoir mangé pour faire quelques courses. Yuna n’était pas du genre à avoir ses placards pleins, et puis, il avait ses goûts, bien différents de ceux de sa moitié. Il quitta ensuite l’appartement pour rejoindre l’épicerie à quelques minutes. Il décida de passer par le parc pour prendre un bol d’air frais. Lui qui était habitué à vivre loin, dans un coin peu fréquenté sans pollution, il avait du mal à se faire à la vie en ville.

Finalement, son chemin lui fit croiser une silhouette qu’il connaissait depuis peu. Une des vendeuses de l’herboristerie. Laphi. Il s’approcha d’elle alors qu’elle somnoler sur un banc. Mauvaise idée vu la fréquentation de ce parc. Il se pencha au-dessus d’elle en évoquant son souci prochain, et la réponse le fit doucement sourire.

« Vous pouvez m’appeler Junzo. Et je suis dérangeant que ça ? »

Non, ce n’était pas lui, mais les esprits autour d’elle. Ceux-ci avaient tendance à fuir sa présence car il pouvait les toucher et dieu qu’il pouvait faire bien pire et que les rumeurs étaient tenaces chez les fantômes. Il s’assit près d’elle avant de la regarder.

« J’ai pas grand-chose à faire jusqu’à ce soir. Si ça vous dit, on peut faire une demi-journée pause pour vous ! En même temps j’aurais une excuse pour pas faire de courses et manger au restaurant. »

Certes, ça ne le dérangeait pas de faire des courses, mais là, il n’en avait pas particulièrement envie, le sommeil était bien trop présent pour qu’il veuille faire des efforts.

Besoin de s'aérer l'esprit. Un besoin soudain, mais parfaitement compréhensible. Les esprits s'amassaient autour de la demoiselle, rendant le loft terriblement petit ! Il y avait trop de monde, trop peu d'espace ! Elle suffoquait littéralement ! Elle ne travaillait pas, elle était seule. Elle pouvait sortir sans craindre de laisser sa soeur seule. Phi s'était donc préparer assez rapidement, en toute simplicité. Elle n'avait pas fait d'effort particulier, mais de toute façon elle n'en avait pas pas la force. Prête, elle avait prit son portable et son porte-feuille avant de sortir à la hâte.

Là, Phi erra un peu dans la ville. Elle n'avait jamais vraiment quitté le loft depuis leur arrivée. La demoiselle n'avait jamais éprouver le besoin de faire le tour de la ville. Non, elle s'était occupée à sa manière, mais aujourd'hui elle en avait vraiment eu besoin. Désespérée, elle avait tenté de trouver un coin paisible. Peine perdue... Finalement, elle prit place sur un banc du parc, un peu à l'écart des autres. Un coin aussi calme que possible. La chaman tenta de faire abstraction des esprits qui la hantait. Perine perdue. Un soupire lui échappa, puis une sensation étrange la traversa. Les esprits avaient semblé soudainement s'éloigner.

Une voix s'éleva à ses côtés. Elle ouvrit les yeux et reconnu le fils de l'ancienne propriétaire de l'herboristerie. Elle lui répondit faiblement avant de s'asseoir sur le banc et de passer une main dans sa crinière. " ce n'est pas vous non plus... plutôt les esprits... mais ils semblent mal à l'aise en votre présence... " souleva-t-elle, quelque peu curieuse. Elle, elle les attirait comme un aimant, mais lui... Il les faisait fuir. Il avait une chance non négligeable à ses yeux.

"une demi journée de pause? " demanda-t-elle faiblement, curieuse. Pourquoi ferait-il ça pour elle? Il ne la connaissait pas. Même si c'était pour lui une excuse pour passer outre ses tâches, il avait sans doute mieux à faire. Aussi, elle reprit avant de lui laisser le temps de répondre. " pourquoi prendrez -vous ce temps pour moi? " demanda-t-elle.

Junzo se réveilla bien trop tôt… Les habitudes avaient la vie dure, mais dans ce cas-là, ce n’était absolument pas l’idée du siècle ! Après tout… Il avait repris les horaires de sa frangine, terminant aux alentours de six heures, mais il s’était réveillé comme s’il avait fait les siennes. En plus, connaissant Yuna, ses placards devaient être vides. De quoi petit-déjeuner et pas bien plus que ça. Le démon profita donc de son café avant de se préparer pour aller faire des courses.
Il se faufila dans les rues de la ville avant de couper par l’un des parcs. Le chemin serait bien plus plaisant. Cependant, il s’arrêta en apercevant une demoiselle qu’il connaissait, allongé sur un banc. Elle risquait d’être embêter d’ici quelques temps. Il s’approcha donc d’elle en lui indiquant le souci. Cependant, cela ne semblait pas la gêner plus que ça. Lui, alors ? Non… Plutôt l’armée d’esprits qui la suivait. D’un autre côté, il ne pouvait pas réellement s’en rendre compte car ceux-ci déguerpissaient dès qu’il le sentait arriver. Chose qui rendit curieuse la brunette.

« Eh bien, je suis un héritier Yogwi, c’est une race de démons japonaises un peu vague. Je peux contrôler les fantômes, donc ils ont tendance à ne pas trop m’apprécier et partir pour éviter d’avoir des soucis. Ça a aussi ses désavantages. »

Rapidement, Junzo lui proposa une demi-journée de repos. Cela serait sa bonne excuse pour manger au restaurant et pas faire sa corvée, et elle pourrait être un peu plus au calme. Cela paraissait évident, même sans son empathie, de voir qu’elle était à bout. Sa réponse le fit doucement sourire.

« Le silence et le calme peut faire énormément de bien. Je suis empathique, alors je sais ce que ça fait de se sentir oppresser à longueur de temps. Un petit moment « normal » sera une bonne chose pour vous. »

Après quelques instants, la jeune femme accepta et Junzo prit route avec elle vers l’un des restaurants qu’il connaissait et qu’il savait bon. Bien sûr, il avait pris soin de lui demander ses goûts pour ne pas se retrouver dans un établissement proposant des grillades avec une végétarienne. Elle n’était pas compliquée de toute évidence, alors le Japonais avait choisi ce qu’il préférait. Il s’installa à l’intérieur, dans un coin isolé.